Préambule : il est recommandé de lire d’abord l’article « les Fours à Chaux (1) » pour mieux comprendre ce qui sera dit ci-dessous.

Puisque nous avons vu que la chaux provenait de pierres calcaires, il est primordial de repérer où, dans la commune, se trouvent ces bancs de calcaire. C’est une étude géologique faite sur les origines du site religieux de Mauriac qui va nous fournir la réponse. Dans le Cantal, région volcanique par excellence, le calcaire est rare. Toutefois, en marge des zones volcaniques, on trouve des poches d’une roche riche en calcaire, appelé Cipolin (cf photo ).

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Ce cipolin est bien connu dans la région. Car au temps de la construction du monastère St Pierre à Mauriac (XII° siècle), les bâtisseurs utilisèrent ce cipolin, fortement poncé, comme marbre pour les colonnes de la salle capitulaire au XII° siècle. Il fut aussi utilisé pour paver les rues de Mauriac et pour paver le sol de l’église de Brageac. On peut aussi supposer qu’il servit en construction depuis l’époque gallo-romaine ou plus récemment dans la construction des églises et châteaux ( celui de Miremont actuel date du XIV° siècle).

La première trace écrite connue date de 1580 , lorsque Francois de Mauriac vend sa part dans la seigneurie de Miremont, incluant des droits de fours à chaux et extraction du marbre. En 1607, un contrat de fourniture de chaux est passé entre le père Raoux du collège de Mauriac et les chaufourniers de La Besse et La Forestie sur la commune.

Ceci étant acquis, voyons l’implantation des fours à chaux.

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Il est assez logique que cette carte se superpose à celle des gisements de cipolin. Et c’est donc sur la rive gauche du ruisseau Le Labiou, dans la région de Miremont, que se trouvent ces fours.

En 1817, on retrouve dans l’annuaire statistique du Cantal de De Ribier, l’existence de 17 fours pour le Cantal, dont 3 sur la commune de Chalvignac. D’après les relevés faits, il y aurait eu jusqu’à 16 emplacements de fours sur la commune (cf photo), mais la majorité construit après 1860 :

1 – Essartenat : 2 fours construits en 1893, démolis en 1926

2- St Projet : 2 fours sont construit en 1869, mais seront noyés sous les eaux de la retenue d’eau du barrage.

3- Chataigneraie Redonde:construit en 1882 ; toute trace du four a disparu.

4- La Vigne : 3 fours construits en 1867, un seul subsiste, maintenant en piteux état par effondrement de sa bouche.

5- Chaufour : construit en 1867, fut abimé par la réfection de la route départementale D482.

6- Lissartou:3 fours sont encore visibles, dont deux modernes (a combustion continue). Mérite une restauration.

7- Cabrespine : 2 fours existants , dont 1 seul existe encore.

8- Vezac : 2 fours (mais situés sur la commune d’Arches)

Les fours de Lissartou

On aperçoit bien sur cette photo  un four ancien à bois à droite, auquel ont été accolés deux fours, à combustion continue à charbon, modernes sur la gauche. La plateforme dessus servait à facilement approvisionner  les 2 gueulards des fours modernes.chalvignac_-fours-lissartou

Ce sont les mieux conservés, et les plus accessibles, car ils sont en bordure de route départementale. L’histoire de ces fours remonte à 1860, lorsque trois propriétaires locaux décident de fabriquer de la chaux pour amender leurs terres. Parmi ces propriétaires se trouve Mr Gabriel Dubreuil, directeur des mines de Champagnac. Le projet consistait à construire deux fours à chaux modernes (à combustion continue) à Lissartou sur un terrain aliéné par la commune (le 14-10-1860), avec une maison de chaufournier, un hangar et un broyeur. Le charbon venait de Champagnac. Ce terrain qui devait être relié ultérieurement à une voie ferrée Clermont-Bordeaux via la vallée de la Dordogne, pour faciliter l’acheminement du charbon et l’évacuation de la chaux. Ce projet était assorti par ailleurs d’une clause de livraison de chaux aux habitants de la commune à des conditions très avantageuses (60cF pour 50Kg de chaux).

Hélas, la voie ferrée ne verra pas le jour et certains habitants de la commune profitèrent des prix bas d’acquisition de la chaux pour développer à leur profit un lucratif commerce parallèle.

Le projet bat rapidement de l’aile et Mr Peythieu et le notaire Peyrac reprennent l’affaire, redressent la situation. Des bâtiments complémentaires sont construits, ainsi qu’une voie de wagonnet reliant la carrière aux fours. Louis Barthelemy et sa femme seront embauchés, lui chaufournier, sa femme cantinière. En 1910, une quinzaine d’employés travaillaient aux fours, dont 10 permanents.

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gueulard d’un four à chaux avec son revêtement de briques réfractaires

 

Hélas, une explosion dans la mine a suffi pour condamner les fours à s’éteindre.

Après la guerre 14-18, une relance de l’activité fut espérée, mais dés 1920 les gueulards des fours cessèrent définitivement de cracher leurs fumées blanches.

En 1958, les terrains et les fours sont vendus à Mr Edouard Touzet, qui les transmettra à son fils Robert qui en fera don à la commune de Chalvignac en 11/1997.

 

 

 

La mairie de Chalvignac a entrepris de débroussailler le secteur et de faciliter l’accès. Il y a encore du travail pour rendre vraiment attractif ce site, mais l’association Miremont et Petit Patrimoine voudrait que ce site, témoin d’un passé pas si lointain, puisse retrouver l’intérêt qu’il mérite.

Fours à Chaux à Chalvignac (2)
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